mercredi 30 mai 2012
lundi 28 mai 2012
Même si je le voulais
Même si je le voulais, je ne pourrais pas me suicider, parce que ma souffrance n'a pas de raison, je n'arrive pas à la prendre au sérieux, c'est d'ailleurs ce qui me fait le plus souffrir.
On ne me verra pas demain, sur mon lit, le parabellum fumant, le torse comme une vitre cassée, de la pourpre plein les draps. Je ne jouerai pas au Jacques Rigaut qui, après s'être raté, disait du suicide qu'on n'en meurt pas.Si j'avais à me suicider, je laisserais quand même peut-être une lettre...
Chères Ordures,
Je viens à l'instant de recevoir votre raison de vivre.
Sachez que la mienne est définitivement compromise.
Je m'attends au tournant. Je ne passerai pas le balcon.
Moi aussi, je me balance.
Pour éviter de me pleurer, pensez tous que je vous ai toujours haïs.
Votre désagrégé.
Marc-Edouard Nabe, Au Régal des vermines
dimanche 27 mai 2012
Révolution, Slawomir Mrozek
Dans ma chambre le lit se trouvait ici, l’armoire là, et entre les deux il y avait la table.
Jusqu’au jour où j’en eus assez. Je déplaçai le lit là, et l’armoire ici.
Pendant un certain temps je sentis couler en moi un courant novateur vivifiant. Mais au bout de quelques jours... l’ennui revint.
J’en tirai la conclusion que la source de mon ennui était la table, ou plutôt sa position immuablement centrale.
Je poussai donc la table là, et le lit au milieu. De façon anticonformiste.
Cette seconde nouveauté me redonna de la vitalité, et tant qu’elle dura, j’acceptai la gêne anticonformiste qu’elle occasionnait. En effet, je ne pouvais plus dormir maintenant le visage tourné vers le mur, ce qui avait toujours constitué ma position préférée.
Au bout d’un certain temps, néanmoins, la nouveauté cessa d’être nouvelle, et seule subsista la gêne. Dans ces conditions, je poussai le lit ici, et l’armoire au milieu.
Cette fois, le changement fut radical. En effet, l’armoire au milieu de la chambre, c’était plus que de l’anticonformisme. C’était de l’avant-garde.
Au bout d’un certain temps, néanmoins... Ah, ce maudit « certain temps » ! Bref, même l’armoire au milieu de la chambre cessa de me paraître quelque chose de nouveau et d’inhabituel.
Il convenait d’opérer une cassure, de prendre une décision fondamentale. Si, dans le cadre ci-dessus défini, aucun véritable changement n’était possible, il importait de sortir complètement de ce cadre. Dès lors que l’anticonformisme se révélait insuffisant, dès lors que l’avant-garde ne donnait aucun résultat, il fallait accomplir une révolution. Je pris la décision de dormir dans l’armoire. Tous ceux qui ont essayé de dormir debout dans une armoire savent qu’avec une telle absence de confort on est absolument assuré de ne pas trouver le sommeil, sans parler de l’exténuation qui s’empare des jambes, et des douleurs dans la colonne vertébrale.
Oui, ce fut la bonne décision. Succès, victoire complète. Car, cette fois-ci, même le « certain temps » n’eut aucune prise. Au bout d’un certain temps, non seulement je ne m’habituai pas à mon changement, c’est-à-dire que le changement demeura changement, mais au contraire, je ressentis ce changement avec de plus en plus d’acuité, car la douleur allait croissant à mesure que le temps passait.
Tout aurait donc été pour le mieux, n’eût été ma résistance physique, qui s’avéra limitée. Une certaine nuit, je n’y tins plus. Je sortis de l’armoire et m’allongeai sur le lit.
Je dormis trois jours et trois nuits. Après quoi je poussai l’armoire contre le mur, et la table au milieu, car l’armoire au milieu me gênait.
Maintenant le lit se trouve ici, comme avant, l’armoire là, et entre les deux il y a la table. Quand l’ennui me guette, je me remémore l’époque où j’étais révolutionnaire.
Jusqu’au jour où j’en eus assez. Je déplaçai le lit là, et l’armoire ici.
Pendant un certain temps je sentis couler en moi un courant novateur vivifiant. Mais au bout de quelques jours... l’ennui revint.
J’en tirai la conclusion que la source de mon ennui était la table, ou plutôt sa position immuablement centrale.
Je poussai donc la table là, et le lit au milieu. De façon anticonformiste.
Cette seconde nouveauté me redonna de la vitalité, et tant qu’elle dura, j’acceptai la gêne anticonformiste qu’elle occasionnait. En effet, je ne pouvais plus dormir maintenant le visage tourné vers le mur, ce qui avait toujours constitué ma position préférée.
Au bout d’un certain temps, néanmoins, la nouveauté cessa d’être nouvelle, et seule subsista la gêne. Dans ces conditions, je poussai le lit ici, et l’armoire au milieu.
Cette fois, le changement fut radical. En effet, l’armoire au milieu de la chambre, c’était plus que de l’anticonformisme. C’était de l’avant-garde.
Au bout d’un certain temps, néanmoins... Ah, ce maudit « certain temps » ! Bref, même l’armoire au milieu de la chambre cessa de me paraître quelque chose de nouveau et d’inhabituel.
Il convenait d’opérer une cassure, de prendre une décision fondamentale. Si, dans le cadre ci-dessus défini, aucun véritable changement n’était possible, il importait de sortir complètement de ce cadre. Dès lors que l’anticonformisme se révélait insuffisant, dès lors que l’avant-garde ne donnait aucun résultat, il fallait accomplir une révolution. Je pris la décision de dormir dans l’armoire. Tous ceux qui ont essayé de dormir debout dans une armoire savent qu’avec une telle absence de confort on est absolument assuré de ne pas trouver le sommeil, sans parler de l’exténuation qui s’empare des jambes, et des douleurs dans la colonne vertébrale.
Oui, ce fut la bonne décision. Succès, victoire complète. Car, cette fois-ci, même le « certain temps » n’eut aucune prise. Au bout d’un certain temps, non seulement je ne m’habituai pas à mon changement, c’est-à-dire que le changement demeura changement, mais au contraire, je ressentis ce changement avec de plus en plus d’acuité, car la douleur allait croissant à mesure que le temps passait.
Tout aurait donc été pour le mieux, n’eût été ma résistance physique, qui s’avéra limitée. Une certaine nuit, je n’y tins plus. Je sortis de l’armoire et m’allongeai sur le lit.
Je dormis trois jours et trois nuits. Après quoi je poussai l’armoire contre le mur, et la table au milieu, car l’armoire au milieu me gênait.
Maintenant le lit se trouve ici, comme avant, l’armoire là, et entre les deux il y a la table. Quand l’ennui me guette, je me remémore l’époque où j’étais révolutionnaire.
Slawomir MROZEK, La vie est difficile, Albin Michel, Paris, 1991
(Nouvelles traduites du polonais par André KOZIMOR)
mercredi 23 mai 2012
Endroit secret
Il y a toujours dans une ville un endroit secret qui te coupe du réel, qui t'emmène loin du fracas citadin. Là où tu peux essayer de t'oublier, un peu.
vendredi 18 mai 2012
24 hours
RIP Ian Curtis
So this is permanence, love's shattered pride
What once was innocence, turned on its side
A cloud hangs over me, marks every move
Deep in the memory, of what once was love
Oh, how I realised how I wanted time
Put into perspective, tried so hard to find
Just for one moment, thought I'd found my way
Destiny unfolded, I watched it slip away
Excessive flash points, beyond all reach
Solitary demands for all I'd like to keep
Let's take a ride out, see what we can find
A valueless collection of hopes and past desires
I never realised the lengths I'd have to go
All the darkest corners of a sense I didn't know
Just for one moment, I heard somebody call
Looked beyond the day in hand, there's nothing there at all
Now that I've realised how it's all gone wrong
Gotta find some therapy, this treatment takes too long
Deep in the heart of where sympathy held sway
Gotta find my destiny, before it gets too late
jeudi 17 mai 2012
Il n'y a plus rien
Quand tu rentreras dans ta boîte, rue d'Alésia ou du Faubourg
Si tu trouves quelqu'un qui dort dans ton lit,
Si tu y trouves quelqu'un qui dort
Alors va-t-en, dans le matin clairet
Seul
Te marie pas
Si c'est ta femme qui est là, réveille-la de sa mort imagée
Fous-lui une baffe, comme à une qui aurait une syncope ou une crise de nerfs...
Tu pourras lui dire: "Dis, t'as pas honte de t'assumer comme ça dans ta liquide sénescence.
Dis, t'as pas honte? Alors qu'il y a quatre-vingt-dix mille espèces de fleurs?
Espèce de conne!"
Et barre-toi!
Divorce-la
Te marie pas!
Tu peux tout faire:
T'empaqueter dans le désordre, pour l'honneur, pour la conservation du titre...
Le désordre, c'est l'ordre moins le pouvoir!
Il n'y a plus rien...
mardi 15 mai 2012
samedi 12 mai 2012
Soirée la plus pathétique de ma vie
La (prédictible) équation des perdants : trop d'alcool + trop d'anxiolytiques = pitoyable échec
Cette colère qui bouillonne. Une grenade dans le bide. Dégoupillée?
Chevaucher sur son vélo avec la grâce ridicule de l'ivrogne. Lourdement. C'est la première fois qu'un retour nocturne aura été si difficile. Tomber avant même de réussir à avancer sur l'engin. Puis pédaler avec peine et avancer dans la douleur.
Mon seul regret ? Ne pas avoir été percutée par un camion.
dimanche 6 mai 2012
La Grève des électeurs, Octave Mirbeau
Le Figaro, 28 novembre 1888
Une chose m’étonne prodigieusement, j’oserai dire qu’elle me stupéfie, c’est qu’à l’heure scientifique où j’écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs, pour voter en faveur de quelqu’un ou de quelque chose.
Quand on réfléchit un seul instant, ce surprenant phénomène n’est-il pas fait pour dérouter les philosophies les plus subtiles et confondre la raison ?
Où est-il le Balzac qui nous donnera la physiologie de l’électeur moderne ?
Et le Charcot qui nous expliquera l’anatomie et les mentalités de cet incurable dément ?
Nous l’attendons.
Je comprends qu’un escroc trouve toujours des actionnaires, la Censure des défenseurs, l’Opéra-Comique des dilettanti, le Constitutionnel des abonnés, M. Carnot des peintres qui célèbrent sa triomphale et rigide entrée dans une cité languedocienne; je comprends M. Chantavoine s’obstinant à chercher des rimes; je comprends tout.
Mais qu’un député, ou un sénateur, ou un président de République, ou n’importe lequel parmi tous les étranges farceurs qui réclament une fonction élective, quelle qu’elle soit, trouve un électeur, c’est-à-dire l’être irrêvé, le martyr improbable, qui vous nourrit de son pain, vous vêt de sa laine, vous engraisse de sa chair, vous enrichit de son argent, avec la seule perspective de recevoir, en échange de ces prodigalités, des coups de trique sur la nuque, des coups de pied au derrière, quand ce n’est pas des coups de fusil dans la poitrine, en vérité, cela dépasse les notions déjà pas mal pessimistes que je m’étais faites jusqu’ici de la sottise humaine, en général, et de la sottise française en particulier, notre chère et immortelle sottise, â chauvin !
Il est bien entendu que je parle ici de l’électeur averti, convaincu, de l’électeur théoricien, de celui qui s’imagine, le pauvre diable, faire acte de citoyen libre, étaler sa souveraineté, exprimer ses opinions, imposer — ô folie admirable et déconcertante — des programmes politiques et des revendications sociales ; et non point de l’électeur « qui la connaît » et qui s’en moque, de celui qui ne voit dans « les résultats de sa toute-puissance » qu’une rigolade à la charcuterie monarchiste, ou une ribote au vin républicain.
Sa souveraineté à celui-là, c’est de se pocharder aux frais du suffrage universel. Il est dans le vrai, car cela seul lui importe, et il n’a cure du reste. Il sait ce qu’il fait.
Mais les autres ?
Ah ! oui, les autres ! Les sérieux, les austères, les peuple souverain, ceux-là qui sentent une ivresse les gagner lorsqu’ils se regardent et se disent : « Je suis électeur! Rien ne se fait que par moi. Je suis la base de la société moderne. Par ma volonté, Floque fait des lois auxquelles sont astreints trente-six millions d’hommes, et Baudry d’Asson aussi, et Pierre Alype également. » Comment y en a-t-il encore de cet acabit ? Comment, si entêtés, si orgueilleux, si paradoxaux qu’ils soient, n’ont-ils pas été, depuis longtemps, découragés et honteux de leur œuvre ?
Comment peut-il arriver qu’il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de la Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l’y oblige, sans qu’on le paye ou sans qu’on le soûle ?
À quel sentiment baroque, à quelle mystérieuse suggestion peut bien obéir ce bipède pensant, doué d’une volonté, à ce qu’on prétend, et qui s’en va, fier de son droit, assuré qu’il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin, peu importe le nom qu’il ait écrit dessus... Qu’est-ce qu’il doit bien se dire, en dedans de soi, qui justifie ou seulement qui explique cet acte extravagant ? Qu’est-ce qu’il espère ?
Car enfin, pour consentir à se donner des maîtres avides qui le grugent et qui l’assomment, il faut qu’il se dise et qu’il espère quelque chose d’extraordinaire que nous ne soupçonnons pas. Il faut que, par de puissantes déviations cérébrales, les idées de député correspondent en lui à des idées de science, de justice, de dévouement, de travail et de probité ; il faut que dans les noms seuls de Barbe et de Baihaut, non moins que dans ceux de Rouvier et de Wilson, il découvre une magie spéciale et qu’il voie, au travers d’un mirage, fleurir et s’épanouir dans Vergoin et dans Hubbard, des promesses de bonheur futur et de soulagement immédiat.
Et c’est cela qui est véritablement effrayant.
Rien ne lui sert de leçon, ni les comédies les plus burlesques, ni les plus sinistres tragédies.
Voilà pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu’un fait unique domine toutes les histoires : la protection aux grands, l’écrasement aux petits. Il ne peut arriver à comprendre qu’il n’a qu’une raison d’être historique, c’est de payer pour un tas de choses dont il ne jouira jamais, et de mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent point.
Que lui importe que ce soit Pierre ou Jean qui lui demande son argent et qui lui prenne la vie, puisqu’il est obligé de se dépouiller de l’un, et de donner l’autre ?
Eh bien ! non. Entre ses voleurs et ses bourreaux, il a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces.
Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours.
Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit.
Ô bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de te laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent chaque matin, pour un sou, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t’arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes; si tu lisais parfois, au coin du feu, Schopenhauer et Max Nordau, deux philosophes qui en savent long sur tes maitres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles.
Peut-être aussi, après les avoir lus, serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d’avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d’humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l’envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n’as rien à y voir, toi dont le compte est réglé au grand livre des destinées humaines.
Rêve après cela, si tu veux, des paradis de lumières et de parfums, des fraternités impossibles, des bonheurs irréels. C’est bon de rêver, et cela calme la souffrance. Mais ne mêle jamais l’homme à ton rêve, car là où est l’homme, là est la douleur, la haine et le meurtre. Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est pas d’ailleurs, en son pouvoir de te donner. L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. Pour te réconforter et ranimer des espérances qui seraient vite déçues, ne va pas t’imaginer que le spectacle navrant auquel tu assistes aujourd’hui est particulier à une époque ou à un régime, et que cela passera.
Toutes les époques se valent, et aussi tous les régimes, c’est-à-dire qu’ils ne valent rien. Donc, rentre chez toi, bonhomme, et fais la grève du suffrage universel. Tu n’as rien à y perdre, je t’en réponds ; et cela pourra t’amuser quelque temps. Sur le seuil de ta porte, fermée aux quémandeurs d’aumônes politiques, tu regarderas défiler la bagarre, en fumant silencieusement ta pipe.
Et s’il existe, en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.
Je te l’ai dit, bonhomme, rentre chez toi et fais la grève.
samedi 5 mai 2012
Parfois je me demande
Parfois je me demande ce qui me différencie de ces soûlards que je croise, bière premiers prix à la main à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, le long des avenues, titubant sur les pavés mouillés par la pluie, les yeux perdus dans l'abîme.
Ces pauvres ivrognes paumés qu'on regarde avec dédain. Ces pauvres gars, dont je serais la première à dévisager les traits bouffis avec mépris, mais dont les faces dénaturées me reflètent ma propre errance, mon propre mépris pour l'existence.
Des pratiques dites "déviantes" dont le souvenir me hante, marquent encore mon corps ; ce pauvre hôte sonné qui n'oublie pas le dernier passage laissé par ces vers pourris.
Tout n'est que burlesque, vain et ridicule. Il faudrait pouvoir se regarder avec le rictus du spectre soulagé que nous serons bientôt.
La tentation d'être détruite tout en étant trop faible pour le faire entièrement moi-même, et laisser à d'autres cette piètre besogne? Se satisfaire du doute, de l'irrésolution, du confus, du rien ?
Qu'est-ce qui me différencie de ces soûlards, donc ? Pas grand chose, si ce n'est que je n'ai pas le courage d'aller au bout de ma déchéance déjà en marche.
vendredi 4 mai 2012
Je bois
Je bois
Dès que j'ai des loisirs
Pour être saoul, pour ne plus voir ma gueule
Je bois
Sans y prendre plaisir
Pour pas me dire qu'il faudrait en finir...
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