lundi 28 mai 2012

Même si je le voulais

    Même si je le voulais, je ne pourrais pas me suicider, parce que ma souffrance n'a pas de raison, je n'arrive pas à la prendre au sérieux, c'est d'ailleurs ce qui me fait le plus souffrir.
    On ne me verra pas demain, sur mon lit, le parabellum fumant, le torse comme une vitre cassée, de la pourpre plein les draps. Je ne jouerai pas au Jacques Rigaut qui, après s'être raté, disait du suicide qu'on n'en meurt pas.
    Si j'avais à me suicider, je laisserais quand même peut-être une lettre...
Chères Ordures,
Je viens à l'instant de recevoir votre raison de vivre.
Sachez que la mienne est définitivement compromise.
Je m'attends au tournant. Je ne passerai pas le balcon.
Moi aussi, je me balance.
Pour éviter de me pleurer, pensez tous que je vous ai toujours haïs.
Votre désagrégé.

Marc-Edouard Nabe, Au Régal des vermines 

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