samedi 5 mai 2012

Parfois je me demande

Parfois je me demande ce qui me différencie de ces soûlards que je croise, bière premiers prix à la main à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, le long des avenues, titubant sur les pavés mouillés par la pluie, les yeux perdus dans l'abîme. 

Ces pauvres ivrognes paumés qu'on regarde avec dédain. Ces pauvres gars, dont je serais la première à dévisager les traits bouffis avec mépris, mais dont les faces dénaturées me reflètent ma propre errance, mon propre mépris pour l'existence. 

Des pratiques dites "déviantes" dont le souvenir me hante, marquent encore mon corps ; ce pauvre hôte sonné qui n'oublie pas le dernier passage laissé par ces vers pourris. 

Tout n'est que burlesque, vain et ridicule. Il faudrait pouvoir se regarder avec le rictus du spectre soulagé que nous serons bientôt.

La tentation d'être détruite tout en étant trop faible pour le faire entièrement moi-même, et laisser à d'autres cette piètre besogne? Se satisfaire du doute, de l'irrésolution, du confus, du rien ?

Qu'est-ce qui me différencie de ces soûlards, donc ? Pas grand chose, si ce n'est que je n'ai pas le courage d'aller au bout de ma déchéance déjà en marche. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire